ANTIQUITÉ ; FARRAH ASGHAR.

✦ les âges d’une ère primitive, des bouts de souvenirs et de flash perlent comme des grains dans la psyché. le patois d’une langue archaïque, des rires d’enfants qui courent entre dunes rocheuses et les briques blanches des habitations. ça sent les jours heureux, de périples et de voyages au sein de la communauté nomade. des voiles dansent dans la nuit et on chante jusque tard dans la sorgue, pour l’appel des étoiles fatidiques, immuables. ça sent la mélancolie.



✦ farrah grandit au côté de ses frères et s’engage à devenir une guerrière et gardienne de sa tribu. on lui attribue des exploits, à la petite guerrière qui haute comme trois pouces, se fait porteuse des voix de sa communauté natale. des récits de combats acharnés et de sauvetages impromptus. elle devint un visage connu parmi les siens, un visage sur lequel on compte et l’on repose tout ses espoirs. un visage familier avec lequel les plus jeunes grandissent, rythmé par les histoires qu’elle façonne et les lueurs de fascination qu’elle fait naître dans leurs regards. pour eux, elle s’offre sans concession, se fait détermination et persévérance. jusqu’au jour où l’orage gronde au sein de la communauté. des ombres s’en viennent et elles portent des visages qui n’ont rien d’avenant ; un culte à la solde des sacrifices d’un idéal plus grand.



tw : meurtre, endoctrinement (secte), mort, sang.

✦ la lame est tremblante entre ses doigts. la raison s'est voilée d'un linceul obscur. car les mots sont devenus vains ; ne reste plus que sa silhouette guerrière, pétrie de tout son doute. sa superbe morgue vaillante tristement occultée derrière un rideau de chagrin. et farrah avance comme elle avancerait vers un précipice. un gouffre, un puit de goudron. droite vers le destin qu'on lui a promis. droite vers un amour sacrificiel ; vers la condoléance d'un dernier baiser, comme d'un dernier vœux, un espoir qui meurt contre les lèvres de celle qu'elle aura aimé. un espoir qui se repend comme une traînée de sang, comme la marre de pourpre dans laquelle elles s'évanouiront, pour l'éternité ; main dans la main.



1136 ; KHADAR NADEEM.

✦ le goût du sel envahis ses poumons avec une brûlure atroce. largué sur le néant de grèves nocturnes, Khadar contemple l'horizon comme s'il s'étais agis d'un songe, des lumières brillent sur une rive adverse, aussi haute et étincelantes que les étoiles au dessus de son crâne. l'espoir est né sur ces rives de l'autre bout du monde ; mais tout est semblable à un rêve inachevé qui ne laisse qu'un goût amer contre sa langue.
✦ ils sont deux, dans cette barque à bord des eaux calmes. le passeur étoilé qui les guident jusqu'à l'île arbore un immense sourire bienveillant sur ses lèvres et si les deux autres semblent bien plus enjoué que lui ; lui n'aura dit mot tout le long du trajet. mué dans un mutisme effrayant.
✦ livrés à leurs sorts, matsya aura réussi à arracher quelques mots, comme des borborygmes à khadar. les jours suivants ressembleront à l'épopée glorieuse d'une amitié née sous le joug des étoiles. ils auront même vécu ensemble, pendant quelques temps, se seront fait une joyeuse guerre d'invective en ne laissant que sillage de leurs rires sur les grèves de chios. matsya a été son premier espoir dans cette vie. un espoir bien plus brûlant que n'importe laquelle de ses étoiles sous lesquelles ils auront vu le jour.

1158

✦ tombé sur le coin du museau ; l'amour s'offre à lui. mais bien vite arraché. l'humain s'en retourne à son royaume ; n'en laissant qu'un espoir bafoué. une trahison comme une insurrection ; quand l'espoir se fait désespoir. khadar s'éloigne de l'activité grouillante de l'île, fait ses adieux à matsya, pour se retirer, seul, avec lui-même, ses pensées noires, dans le ventre des forêts de l'île. avec toujours cette même sensation d'inachevé sur lequel il n'arrive à mettre de mots.


1209
✦ quelle ironie de dire que la mort s'est refugiée chez lui, dans cette cabane paumée au milieu du vide de leurs existences ; mais par chance, ce n'est pas le trépas qu'elle lui apporte. seule et désarmée, pleine d'une mélancolie âcre que Khadar s'est voué à rejeté toute sa vie stellaire. pourtant, c'est bien la seule qu'il accepteras, à qui il s'offrira, guidé par l'irrésistible appel des espoirs qui émane d'elle. ce n'est que quelques années plus tard, que Khadar lui fait sa demande ; comme une réponse à ces espérances, une union envers et contre tous.

1449
✦ après des années d'errances, l'enfant des étoiles se fait supernova ; ô espoir qui baignent les errants·es de ses lueurs mortelles et entêtantes.

1679
✦ appel de la constellation, fait des rêves à propos d'eux mais se refuse à rentrer au sein de celle-ci.

1728
✦ les rixes entre les traditionalistes et les révolutionnaires se soldent dans un bain de sang, mais khadar se refuse à rejoindre un camp.

1848
✦ khadar décide peu à peu de revenir à la civilisation.

1932
✦ il décide enfin à devenir supernova de sa constellation.

1932 - 2022

✦ les souvenirs affluent à la surface ; sous la forme de ces tatouages qui tavèle le cuir de sa peau, rien que des bribes de songes, des souvenirs mis en bouteille, dans les eaux troubles des ambroisies qui s'en découlent. la rancœur du passé est néanmoins tenace et khadar tourne ses choix vers ceux de son aspideus, encourageant petit à petit sa constellation à faire de même ; à devenir traditionnaliste. notamment ; loin des humains, de leurs maux (dont il a longtemps souffert), il jongle néanmoins avec quelques idées révolutionnaires, peut-être n'attends qu'un plongeon ; par force d'espérer vivre ce qu'on lui a refusé.