– 2226,
Thityani Jakunta, l'Étoile Filante de la Mort.

Je fus punis par les Cieux au cœur de cette nuitée où les astres ne brillaient point. Je payais le tribut de mon affront à l'encontre des Lois de la Nature. Je fus châtié parce qu'en la femme que j'aimais par-delà toutes les limites, je créa la Vie alors que je suis un Aster, alors que je suis la Mort. Dans son dernier sourire, dans son ultime regard adressé à notre chaire, à notre sang, l'Amour de ma vie me fut arrachée. Une larme m'a échappé malgré ce sourire que je lui retourna, mais quand, malencontreusement, cette perle salée s'échoua sur la chaire porcelaine de son plus somptueux présent, j'ai retenu ma douleur, ma peine, pour ce cadeau, pour cet enfant qui pleura sa mère suffisamment pour nous deux. Ce miracle aux creux de mes bras, la tristesse fut surpassée par le bonheur inconditionnel que ces grands yeux et ces petites mains potelées réveillaient en mon âme déchue. Ô, mon chérubin. Maman t'aimes, Papa t'aimes. Ô, ma Thityani, jamais tu ne manqueras d'amour.


– 2225

Mon Amour, l'observes-tu d'où tu es ? As-tu assisté à mes côtés aux premiers pas de notre Thityani ? Si vite, a-t-elle appris à marcher. Elle ne tient plus en place, elle essaie de poursuivre mes Corneilles, mon Corbeau. Ses grands yeux candides ne cessent de contempler leurs ailes battre à vive allure. Je soupçonne qu'elle essaie même de pouvoir voler.


– 2223

Mon âme peinée. Mes responsabilités sont multiples, mes absences sont nombreuses. J'aimerais être cette mère, et ce père, à plein temps. Je m'en veux, mais ce n'est pas le cas de Thityani. Comme si elle avait déjà tout compris, comme si elle voulait apaiser ma tristesse de ne pas être toujours à ses côtés, elle m'a présenté son nouvel ami, Adonis, qui est toujours à ses côtés, tel pour me dire « Papa ! Ne te fais pas autant de sang d'encre. Regarde ! Tu ne me laisses pas toute seule ! ».


– 2216

Un jour, notre chérubin m'a dit « Un jour, je saurais voler ! ». Aujourd'hui, je pleure de joie, de bonheur en l'observant voltiger, grimper, affrontant les Lois de la Gravité avec l'agilité d'un petit félin, la grâce des oiseaux. Elle est merveilleuse. Notre Thityani est extraordinaire. Nous pouvons être fières, si fières, mon Amour.


– 2213

Thityani avait grimpé bien trop haut, perchée sur la plus haute branche du plus haut chêne près de notre cocon. Or, cette peur qui m'a poussé à aller la récupérer rapidement ne fut égale à cette terreur qui me brisa l'artefact vital en plusieurs morceaux. Alors que j'étais en train de redescendre sur la terre ferme, elle me tapa avec ses petits poings, éclatant en larmes. « Je ne me sens pas à ma place en bas. Ma maison, c'est là-haut ! ». Des syllabes qui m'ont poignardé droit dans l'aorte, en même temps que ce que je remarqua dans son regard ébène ; une lueur que je connaissais que trop bien, l'étincelle de la Vie qui se laissait engouffrer par les Ténèbres de la Mort. Ô, mon Amour, qu'ai-je fait ? Ô, Cieux, seriez-vous en train de la damner à cause de mes passions ?


– 2207,
L'ultime éclat de l'Étoile Filante de la Mort,
AVERTISSEMENT DE CONTENU : Mort, Suicide.

L'enveloppe charnelle de notre précieuse Étoile sans vie, portée dans les bras d'un Adonis en larmes, qui se confondait en des excuses incessantes. Il ne la lâchait pas, et je ne réalisa pas instantanément. Irrégulièrement il balbutia en continue qu'il l'aimait. Quand mon Corbeau croassa le funèbre message, je compris alors. Je compris que notre chérubin n'était plus, qu'elle avait décidé de partir, là-haut. Je me suis effondré, comme jamais je ne l'avais fait, mes genoux qui se sont écrasés au sol, mes mains tremblantes qui tenaient son minois poupin déjà froid, mes lèvres baisant son front comme si ce geste pouvait la ressusciter. J'avais échoué en tant que père. Un poids que mes épaules ne peuvent supporter. Ô, Thityani, pardon, pardon, pardon.


– 1257,
Un conte qui rendit l'Étoile Filante de la Mort éternelle.
[ACCÉDER À LA LECTURE DE L'ENFANT QUI RÊVAIT DE VOLER DANS LES CIEUX]

Ombre Jakunta sent sa fin approcher à grand pas. Durant le temps qu'il lui reste, il décide d'écrire une histoire inspirée de sa précieuse enfant que jamais il n'a oublié à travers les siècles. Il épouse de sa plume la légende de la Première Acrobate. Le conte de L'Enfant qui rêvait de voler dans les Cieux.

– 1256,
Le dernier souffle d'Ombre Jakunta.

Hiems accompagne Ombre Jakunta jusqu'aux tombes de sa femme et son enfant sur lesquelles il s'éteint. Dans l'ultime palpitation de son cœur, il exprime son ultime vœu à son Aspideus, celui de rendre Thityani éternelle.

1113,
La Naissance de Gienah Corvi, Héritier,ère de la Mort.

L'Aspideus Saturne exauce le souhait de son défunt Aster. L'âme de Thityani Jakunta fut façonnée et nait alors dans le corps de la nouvelle Aster de la Mort, Gienah Corvi, succédant à l'illustre Ombre Jakunta. Gienah choisit peu après le sobriquet Yǒngmagwi Ahop ; matricule complexe sur certaines langues, on lui attribue le surnom avec lequel elle sera le plus connue, Ombre, sans savoir qu'il s'agissait du prénom véritable de son prédecesseur dont la mémoire est placée sous l'effigie de son nom d'Étoile.

1120

Yǒngmagwi rencontre Ace. Son âme victime d'un sensation de déjà-vu, d'une émotion et d'un sentiment sur lesquels iel est incapable de poser des mots dessus. Une unique larme roulant le long de leur joue. Puis, d'un coup, un incendie incandescent des passions. La Mort donne son corps à Sirius pour la première fois d'un compteur indénombrable de draps partagés ensemble. L'Avarice s'adoucit, se soumet, alors qu'il fait resortit toutes les plus sombres facettes de la Mort qui le tient aux creux de sa paume. Son aventure avec l'Avarice marque la période la plus tumultueuse dans la relation entre iel et son Aspideus. Caprices à leur paroxysme, le caractère de cochon et mauvais de Gienah agace trop souvent Hiems.

1209,
AVERTISSEMENT DE CONTENU : Tentative d'assassinat.

Gienah boude Hiems qui ne l'a pas assez félicité à son goût après qu'elle soit parvenue à invoquer une horde de soldats d'ombre, créée à la sueur de son front. Iel fuit et iel s'invite tout,e seul,e dans une demeure dont lea résident,e est la Vie. Rencontre fortuite, mais aussi improbable que cela soit-il, la Mort s'attache, aime lentement et sûremen la Vie. À chaque fois qu'iel boude son Aspideus, qu'iel se fait réprimander par celui-ci, iel se réfugie sans cesse chez la Vie et à force d'être à ses côtés, la Mort montre son plus tendre et pure visage, et iel finit par venir auprès de la Vie juste parce qu'iel veut être avec lui. Lien indestructible se construit, une relation fusionnelle et séraphique qui va au-delà de toutes les notions de l'Amour. Après une rétrospective sur elle-même qui lui fit peur d'avoir eut si longtemps un ténébreux visage, Gienah tire un trait sur Sirius, mais ce dernier en proie à une jalousie extrême, est incapable d'accepter le coup que vient de se prendre sa fierté, il tente en vain d'assassiner la Mort. Terrorisé,e, Gienah se défend et iel fuit dès qu'iel le peut. Pour la protéger de l'Avarice, la Vie lui demande sa main, et iel accepte de se marier avec lui sans une once d'hésitation.

1309
L'Ascencion de Gienah Corvi.

La Mort crée la plus puissante de ses Ombres, de l'ultime classe de puissance de ses Ombres, un Grand Maréchal. Cette création l'élève en rang de Supernova et Chef,fe de la Constellation de la Stèle.

1728
Le Premier Rixte des Révolutionnaires contre les Traditionalistes.

Gienah officialise sa neutralité au cœur des Systèmes Stellaires et iel ne prend pas part au rixte, n'offrant ni aide, ni soutien, sous n'importe quelles de ses formes. Scandalisé,e et las, face à toutes ces morts que les idéaux peuvent provoquer, iel met rapidement tous les participant,e,s du rixte dans le même sac et les traite d'idiot,e,s fini,e,s et de meurtrier,ère,s.

1970
L'humiliation de Tempestas.

Les Asters de Hiems se font humilié,e,s, et Gienah n'est pas épargné,e. Iel en rit, mais iel en rit jaune. Iel insulte intérieurement Tempestas de toutes les injures qui puissent exister et lève son plus beau doigt d'honneur, dans le vide, dirigé vers le Ciel, l'adressant directement à l'Aspideus.

2022,
AVERTISSEMENT DE CONTENU : Auto-mutilation, Langage grossier.

Neuf cent neuf ans. J'existe depuis neuf siècles et neuf années, donc je n'ai plus que quatre-vingt-onze ans grand maximum à baiser, à boire, à m'enfumer le cerveau et les poumons. Qu'est-ce-que je ressens à l'idée de crever ? Je me dis juste que lorsque mon heure sera venue, peut-être que ce sera là que je me sentirais vivante. Quelle putain d'ironie, d'être la Mort et de vouloir désespéremment se sentir en vie. J'arrive même plus à finir correctement ivre et défoncée parce que mon corps s'est habitué à toutes les débauches que je lui fais connaitre. Suis-je autant désespérée à écrire actuellement avec mon sang pour souffrir, et sentir la vie au bout de mes doigts ? Est-ce que ma vieillesse finit par avoir raison de moi et je perds la boule ? Ou suis-je tout simplement une énorme cinglée aux petits oignons ? En faite, non, merde, la vraie question c'est, qui suis-je réellement au cœur de ce vaste monde dont je n'ai connu que les esquisses de l'île de Chios ?