Vault of Lights
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dreamers on the run ; valentina
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(#) Lun 7 Nov - 0:58
dreamers on the run
A l’entrée de livraison, celle qu’il appelle d’un air taquin l’entrée des artistes, une serveuse en pause cigarette lui fait un vague signe de la main ; le genre de salutations qu’on adresse aux généraux d’armées, mais dans un rire. En réponse, il écrase son propre mégot dans un cendrier de fortune et franchit en deux bonds les quelques marches qui le séparent du brouhaha. Il porte son habit de gala. La veste sur ses épaules est carrées d’épaulettes sévères qui, conjuguées au rouge éclatant et aux rangées de boutons dorés, lui donnent l’allure d’un Monsieur Loyal. Ses épaisses boucles noires sont sa couronne, et le grand sourire à ses lèvres une parure supplémentaire. Après dix jours de retraite, le maître de la Fièvre revient en son domaine. C’est un samedi soir, une belle soirée pour un triomphe.

Pourtant, il lui suffit de quelques instants à peine pour se rendre compte que quelque chose cloche. Dans le couloir qui l’accueille, la porte de la pièce dans laquelle sa constellation se réunit d’ordinaire est fermée à double-tour, le recoin est muet. Ses sourcils se froncent. Le reste du club vrombit de son chaos habituel. Un pas ; la foule l’accueille à bras ouvert, il s’y fond comme une goutte d’eau dans un océan. Son regard croise ceux, connus, d’autres asters ; quelques visages nouveaux s’esquissent, sûrement des mortels. Leur ivresse a un goût particulier sur sa langue quand il leur décroche un sourire, goûte leur félicité. Ivresse ; ses yeux se tournent vers le bar et cherchent les traits familiers de sa seconde. L’espiègle Valentina est à son poste, comme toujours. Quelque chose sur son visage trahit une pointe d’impatience ; elle devient le franc prélude de réclamations à peine contenues quand elle le reconnaît.

Qu’on ne s’y trompe pas. Diego sait qu’il a tardé. Il ne s’en tient pas trop rigueur non plus : parfois une impatience se met à courir comme un chien fou dans sa tête, et il ressent le besoin urgent de partir. Ses os s’entrechoquent avec ses os dans une cacophonie horrible, la gueule de bois s’installe et la liqueur ne suffit plus à la disperser. L’île devient un piège et, paradoxalement, il faut qu’il aille en longer la limite des barreaux, comme un fauve furieux qui griffe les montants de sa cage. Valentina observe toujours. Joli minois d’accusatrice. Dans un dernier répit volé, il laisse traîner sa main sur la taille d’un homme qu’il effleure et, posant ses lèvres magiques sur une bouche offerte, cueille la saveur de sa surprise et de son délice au passage.

Puis un grand sourire comme il pose ses deux coudes sur le comptoir, face à la jeune (pas si jeune) femme. « Did you miss me sugar ? », mots joueurs. Il se hisse sur ses orteils pour poser un baiser sur sa joue. « Alright. Alright. I know it’s been a while. But I’m here now! Tell me, why aren’t the others in our room?  ». Il joue, il pousse, accable de question pour dissimuler son propre blame. Mordra, mordra pas ? En attendant, il aura eu le délice de rire et d’apparaître tel un prince.
Diego Lloreda
Diego Lloreda
pseudo : tanagra
élu.e de vénus
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